Taedium Vitae

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jeudi 26 février 2015

Le Bon et la sainte science



Connu entre autres pour son célèbre ouvrage Psychologie de la foule, Gustave Le Bon est un sociologue français du XIXe siècle qui fut au cœur d'une époque où se forment deux notions devenant presque des névroses sociales : la race biologique et la foi en la science. Deux idées dont il voyait déjà les dangers et les répercussions. Bien que la science de son époque n'ait plus rien à voir avec celle d'aujourd'hui, il n'en reste pas moins qu'il notait ici son issue métaphysiquement stérilisante et en dénonçait les attentes démesurées, pour ne pas dire crédules :

«Chacun peut l'espérer sans doute ; mais rien jusqu'ici n'a justifié de telles espérances. Les sciences les plus positives ne nous ont rien dit encore de la raison première d'un seul phénomène. Ce n'est que la simplicité des relations qu'elles découvrent qui fait leur force apparente. Aussitôt qu'elles s'attaquent à des phénomènes un peu complexes, elles se perdent dans les conjectures. Les sciences modernes commencent à peine à balbutier une réponse aux questions que l'homme se pose chaque jour. Du berceau à la tombe, la nature a semé notre chemin d'insolubles problèmes. Les curiosités qu'elle nous met au cœur, elle ne les assouvit jamais. La science évoque des idées, bien plus qu'elle ne résout des problèmes ; et notre globe aura sans doute rejoint dans l'espace les vieux mondes refroidis, avant que le sphinx éternel ait répondu à un seul pourquoi.»


Gustave Le Bon dans La civilisation des Arabes


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